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Le contexte géostratégique maritime de la Chine

Enclavement géostratégique de la Chine
L'enclavement géostratégique de la Chine

Des mers limitrophes semi-fermées

La Chine évolue dans un contexte de semi-enclavement maritime qui équivaut à un véritable handicap géographique et géostratégique. En effet, en dépit de l’apparente ouverture océanique du littoral chinois, celui-ci s’ouvre en réalité sur trois mers semi-fermées :

Au nord, la mer Jaune, délimitée à l’est par la côté chinoise et à l’ouest par la côté coréenne. Elle est marquée par la présence de la péninsule du Shandong qui sépare la partie septentrionale de la mer des golfes de Bohai et de Corée.

Plus au sud, se trouve la mer de Chine orientale bordée par la partie médiane du littoral chinois (de Shanghai à Fuzhou) et délimitée à l’ouest par l’archipel japonais des Ryūkyū qui s’étend de l’île de Kyūshū à l’île de Taïwan.

Enfin, à l’ouest, se situe la mer de Chine méridionale, cernée, outre la Chine, par six Etats : le Vietnam, l’Indonésie, la Malaisie, Brunéi, les Philippines et Taïwan. Le proximité géographique des différentes îles restreint le nombre d’issues possibles confirmant son statut de mer semi-fermée.

Un complexe d’obsidionalité

Celui-ci est à l’origine d’une représentation qualifiée de « complexe d’obsidionalité ». Défini à l’origine pour désigner un groupe humain qui se considère comme contraint, ce concept a été élargi aux Etats semi ou totalement enclavés souhaitant développer leurs dynamiques au-delà de leurs frontières mais rencontrant des difficultés, généralement d’ordre géographique, à le faire. Du fait de son ouverture maritime limitée à des mers semi-fermées et donc de son impossibilité à accéder directement aux espaces océaniques lointains, la Chine se trouve dans une telle situation. Cette représentation chinoise est néanmoins récente, liée à l’émergence de nouvelles ambitions géomaritimes, le rapport à la mer ayant été vécu différemment à l’époque impériale. En effet, traditionnellement et ce jusqu’au 19e siècle, l’espace maritime était vu comme ne présentant qu’une menace sécuritaire liée à la présence des pirates issues des différents pays environnants. Si l’empire s’est investi activement au cours des siècles dans lutte contre le phénomène de la piraterie, il n’a cependant jamais identifié de danger existentiel venant de la mer. Cette perception évoluera du tout au tout suite au “siècle de l’humiliation” débuté avec la première guerre de l’opium et qui s’achèvera avec le fin de la guerre civile et l’avènement de la Chine populaire. Ces événements auront pour conséquence le réévaluation par les Chinois du potentiel géostratégique des espaces maritimes environnants et le développement de moyens maritimes destinés à contrer les éventuelles menaces issues de ce milieu.

Ce paramètre géopolitique, qui s’ajoute aux contraintes liées à la nouvelle géostratégie maritimes de Pékin, nécessite de redéfinir des espaces de protection et de nouveaux glacis défensifs.

Le complexe d’obsidionalité se définit en géopolitique comme l’impression d’être enclavé dans un environnement régional et international particulièrement hostile

Une stratégie de glacis protecteurs

Dans ce cadre, la Chine a identifié plusieurs horizons géostratégiques maritimes. Ces derniers sont évolutifs en fonction du type de menaces ou d’objectifs qu’ils abritent, et suscitent chacun une approche défensive différenciée. Il est possible de les représenter par trois glacis défensifs (voir illustration) dont la combinaison est destinée à optimiser la défense du littoral en cas d’agression.

Le premier glacis comprend une bande marine qui suit la côte chinoise du nord-est au sud-est. Il ne doit pas être confondu avec les trois mers limitrophes, mer Jaune, de Chine orientale et de Chine méridionale dont il ne couvre que la partie la plus proche du littoral. Il se rapporte plus ou moins à la mer territoriale de la RPC et sa largeur correspond à la portée des armements défensifs (missiles et canons) situés sur la côte. Il représente la zone dans laquelle toute pénétration hostile fait peser le risque d’un débarquement et une menace directe sur les villes et les infrastructures côtières. Il s’agit donc de l’ultime zone de protection du littoral et il fait à ce titre l’objet du déni d’accès de niveau le plus élevé.

Le second glacis défensif s’étend jusqu’à la première chaîne d’îles.

Le troisième glacis s’arrête au niveau de la deuxième chaîne d’îles et représente à la fois le troisième niveau de protection du territoire chinois et le premier niveau d’interférence majeur avec l’influence océanique américaine.

Un horizon plus lointain peut être mentionné, situé aux limites de l’océan Indien sur lequel se focalise de plus en plus nettement depuis quelques années l’attention de la RPC.


OpenEdition vous propose de citer ce billet de la manière suivante :
Laurent Gédéon (9 décembre 2022). Le contexte géostratégique maritime de la Chine. Geopole. Consulté le 16 novembre 2025 à l’adresse https://doi.org/10.58079/p044


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